
La rentrée 2018 a été chargée en évènements sur la planète rhum. En moins de 2 mois, j’ai eu l’occasion de participer à 3 salons différents, ouverts sur le monde des spiritueux. Après le salon Quintessence et le Whisky live Paris 2018 qui ont eu lieu en septembre, me voici sur le salon Dugas en ce début octobre.
Le salon club expert Dugas est un salon ouvert aux professionnels. Lors de l’évènement, les 128 marques que propose Dugas sont en dégustation. Pour ne rester que dans le monde des rhums, ce ne sont pas moins de 40 marques qui y sont représentées. Nous y retrouvons des petites marques qui font leur entrée, pour certaines timidement et pour d’autres, directement sur le devant de la scène. Mais également des tauliers du rhum games, qui ne se ménagent pas pour nous proposer des nouveautés de qualité pour notre plus grand plaisir. L’occasion faisant le larron, comme dit l’expression, j’ai pu découvrir les 2 nouveautés en blanc de chez la Favorite et le nouveau millésime 2010, qui vient merveilleusement bien prendre le témoin dans la course de son grand frère 2009. HSE nous a également fait des petits bijoux côté blancs, avec la cuvée récolte 2016 et le parcellaire 2016, qui sont de vrai blancs de dégustation. Ils sortent également 2 bruts de fût, qui ne sont pas passés inaperçu sur les réseaux la semaine dernière. Chez Trois Rivières aussi, nous ne sommes pas en reste, avec la sortie de la très séduisante cuvée bois d’inde, qui vient s’ajouter à la cuvée Oman. Ces 2 cuvées font partie d’une trilogie de rhum hors d’âge, rendant hommage aux trois rivières qui bordent le domaine de la plantation. La cuvée Saint-Pierre sera la dernière de la trilogie. Côté nouveauté, j’ai également dégusté ce nouveau Trois Rivières qui a bénéficié d’une finition en fût de whisky de chez Teeling et un Ratafia de rhum qui devrait sortir prochainement.
Les maisons La Mauny, Depaz, Saint-James, Domaine de Séverin, Damoiseau, Rivière du Mat et Chamarel étaient bien représentées, mais malheureusement pour moi, pas beaucoup de nouveautés. Je m’y suis bien évidemment arrêté pour me refaire le palais sur certaines de leurs références, mais l’objectif de ce salon était pour moi avant tout, de déguster les nouveautés, et sortir des sentiers battus.
Découvrir les nouvelles marques, les styles de rhums que je ne connais pas bien.
Les rones sont plutôt bien représentés chez Dugas, avec plus d’une vingtaine de marques. J’avais déjà eu l’occasion de goûter 2 ou 3 rones auparavant, mais j’avais vraiment pas été emballé du tout. J’ai donc profité du salon pour renouveler l’expérience, mais sans succès. Les marques présentes, ne proposaient que des rones trop faciles à boire à mon goût, sans grand intérêt, très souvent édulcorés et une mise en avant d’informations pas toujours évidentes à décrypter, pour ne pas dire mensongères. Du coup, je profite de cet article pour vous le dire, les rones proposés par les marques de distilleries, ne sont à ce jour clairement pas pour moi! Je précise de distillerie, car j’ai pu en déguster chez certains embouteilleurs indépendants qui présentent d’avantage d’intérêt. Revenons au salon.
Parmi, les petits nouveaux arrivants directement sur le devant de la scène, je ne cite plus les rhums Toucan représentés par notre merveilleuse Cat Arnold et un bijou de chez Manutea qui ne devrait malheureusement pas sortir sur le continent avant l’année prochaine. Je vous parle là du rhum blanc quintessence 59,9° sorti en 450 exemplaires, disponible uniquement à Tahiti.
Pour finir, sans citer la marque en question, j’ai goûté un rhum que vous connaissez bien, très critiqué sur les réseaux et je dois vous dire que vous avez tord! Non le rhum D** P*** n’est pas du poison!!!! C’est même tout le contraire, je lui ai trouvé un formidable goût de médicament. Ce goût que l’on retrouve dans le doliprane rose, que l’on donne aux enfants avec une pipette. Lol! Blague à part, c’était un super salon, Je remercie Dugas, pour leur invitation,Cyril.L, Daniel.B, Franck.D et Emmanuelle.P pour leur accueil chaleureux.
Nous avons eu le droit à de magnifiques verres à dégustation, franchement top du top!!!! Un peu lourd, mais niveau sensation, mon odorat en a pris plein la vue! Jeu de mots à deux balles, pour vous dire que je l’ai adopté pour mes dégustations à la maison.
Je vous laisse avec quelques photos de l’évènement, accompagnées de quelques notes que j’avais gribouillé pour ceux qui souhaitent continuer la lecture.

La cuvée bois d’inde est un blend de rhum hors d’âge tiré de 11 fûts. Une partie du rhum a vieilli dans des fûts de Bourbon, une autre dans d’anciens fûts de Cognac et la dernière dans des fûts neufs. Embouteillée à 42°, il devrait y avoir sur le marché 2 500 cols de disponible. Souple et onctueux, au nez, c’est un balai de senteurs fruitées, florales et épicées. En bouche c’est bien équilibré et la trame aromatique évolue sur la même dynamique que le nez.

Pour rappel, la cuvée Oman fut réalisée à partir de 3500 litres de rhum tiré de 9 fûts. Embouteillée également à 42°, les notes aromatiques dominantes étaient plutôt orientées sur le tabac blond, un subtil boisé et les fruits compotées.

Côté single Cask 2004, la fraicheur des fruits exotiques et les épices ont marqués en douceur mon esprit.

Pour la nouveauté, il fallait bien nous sortir une petite finition pour être dans l’ère du temps. Un partenariat avec la maison de Whisky Teeling a donné naissance à un rhum vieux de 4 ans ayant bénéficié d’une finition en fût de Teeling. Un rhum agréable, chaud et gourmand aux notes épicées et fruitées.
Sur le stand de Teeling, un Whisky vieilli en fût de Rhum Trois Rivières était en dégustation.
Avant de partir, Daniel.B me propose de goûter une petite nouveauté de chez eux, qui est également une nouveauté sur la planète rhum, un Ratafia. C’est une liqueur à base de rhum et de jus de canne à sucre. 3000 exemplaires devraient sortir à la fin du mois en Martinique. Je pense que pour le marché Français, il faudra attendre la fin d’année. Bon ça n’est pas à se tapper le c** par terre, mais bien glacé avec un petit zeste de citron vert, je ne dis pas non!


Chez La Favorite, se fut…et 1…et 2…et 3 coups de cœur! En blanc, le « Bel Air » récolte 2018 et « La Digue » récolte 2018 sont excellentissimes! Et côté vieux le 2010 est extra! Pour ce dernier, il est prévu d’en sortir 6000 quilles pour la fin de l’année. La Digue récolte 2018 est un rhum produit exclusivement à partir de cannes dites cannes Roseaux. 7000 bouteilles de prévu. C’est le premier embouteillage de ce type. Pour le Bel Air, produit à partir de cannes dites cannes Rouges, l’aventure avait commencé avec la récolte 2016. Pour 2018, se sont 9000 quilles qui devraient peupler les shops. Ce sont deux rhums assez gourmands portés sur la sucrosité de la canne, avec un coté végétal légèrement plus prononcé sur la Canne Roseau. Sur les deux, l’alcool est parfaitement intégré et nul besoin d’artifice pour le déguster. A boire pur en dégustation ou avec un simple zeste.

Il y avait également en dégustation, la privilège 1999. Un assemblage de fûts ayant vieillis 17 ans dans les chais de la Favorite, issu de la récolte 1999, rendant hommage à André Dormoy, qui aura vécu cette année-là sa dernière récolte. Les arômes fruités de muscat et de fruits secs, accompagnés de subtiles notes de tabac, nous offre un super voyage dans le temps.

Ce salon était pour moi l’occasion d’aller vers des choses inhabituelles, avec la découverte et l’expérience pour mot d’ordre. Cela m’amène à m’arrêter sur le stand d’un petit nouveau. Le rhum « Levasseur ». Un rhum de mélasse en provenance des Seychelles. Le vieillissement de 6 mois en fûts de je ne sais quoi, car j’ai oublié de leur demander, apporte un côté torréfié et fumé. Les notes miellées et caramélisées ne se font pas attendre très longtemps.


Chez Manutea, une petite pépite était en dégustation. Nommé « Quintessence », ce rhum blanc embouteillé à 59,9° est chargé de notes aromatiques fruitées et végétales portées sur la canne à sucre fraiche. Les notes poivrées apportent en bouche une touche d’épices. Un équilibre, une justesse et une longueur qui rivalisent avec les plus grands de la catégorie. Un coup de cœur!
Distillé à partir de la canne O’Tahiti, le rhum résulte d’une sélection des 3 meilleurs cœur de distillation et a bénéficié d’une réduction lente au goutte-à-goutte et d’un repos en cuve inox pendant 6 mois (Ou 12 mois si je me fis à ce que m’a annoncé Étienne sur son stand). Seulement 450 bouteilles sortiront à la fin du mois et en plus uniquement disponible à la distillerie. Dommage!

Chez Chamarel, le XO est plutôt bien foutu. Embouteillé à 43°, c’est un rhum aux notes aromatiques chaudes et épicées. Le pruneau confit, domine le caractère animal du cuir. C’est un rhum qui respire la gourmandise. La longueur est plus que correcte.


Le Rivière du mat grande réserve, est un blend de rhum vieux de 5 ans minimum, qui a maturé dans des fûts de chêne du limousin de 400 litres. Embouteillé à 40°, il est facile à boire. Les épices et les plantes médicinales, nous accompagnent en douceur tout le long de la dégustation.
Côté XO, c’est sans surprise, un peu plus complexe. Les fruits à chair cuits, dominés par la pêche, prennent le pas sur les notes florales et herbacées. Les épices arrivent en fin de bouche pour apporter un peu de complexité.
Le 2004 de 10 ans d’âge, embouteillé à 43°, reste sur les mêmes marqueurs que le XO. Du fruit, du bois et des épices, pour le coup un peu plus porté sur la réglisse.
Le 2003, part sur les fruits à chair et les épices sucrées avec la vanille. Des notes poivrées et réglissées viennent prolonger la fin de bouche.
L’Opus 5 est un rhum agricole également embouteillé à 43°. Rivière du Mat ne possédant pas de moulin, achète à Savana (Unique distillerie de la réunion à posséder un moulin pour le broyage de la canne), un rhum blanc, qu’ils font vieillir 7 ans dans les Chais de la maison.
Pour finir la gamme Rivière du mat, le 3 ans embouteillé à 45°, libère des arômes de fruits exotiques, de miel, de réglisse et apporte des notes amères de caramel.


Je ne vais pas m’attarder sur les marques Naga et Canero, car je n’ai pas vraiment apprécié.
Juste pour info, Naga se démarque des autres par sa fermentation à base de levure de riz rouge et son élevage de 7 ans en fûts de teck. Leur embouteillage Triple Wood, a bénéficié lui , d’un vieillissement en fût de merisier.
Canero est l’ancienne marque Summum. J’ai goûté la finition en fûts de Whisky Scotch Single Malt, qui ne m’a rien laissé d’autre que des arômes d’amendes amères. La finition en fûts de Cognac était excessivement portée sur la sucrosité de l’abricot.

Chez Cadenhead’s, il n’y avait qu’une seule référence en dégustation. Le Cadenhead’s Classic Rum. C’est un Blend de rhum d’au moins 5 ans en provenance du Guyana. Embouteillé à 50°, il a du corps. Si le nez est plutôt charmeur, avec des notes fruitées et florales, la bouche elle, m’a moins séduite avec cette amertume plutôt tranchée sur le sous-bois et les plantes médicinales.

La tension au sein du domaine de Severin entre les différents actionnaires de la distillerie, ont alimenté pas mal de discussions ces dernières années et cela n’est un secret pour personne. Selon, les derniers communiqués, depuis quelques mois maintenant, le calme semble faire son grand retour. Quid des rhums que propose la marque? Si je ne me trompe pas, je crois que la dernière sortie de la marque, mis à part sa gamme classique, est un brut de fût de 2004. Et si l’information que l’on m’a donné sur le stand est bonne, une nouveauté devrait arriver. Un brut de fût millésime 2010 de 7 ans. Malheureusement, je n’ai pas plus d’infos pour le moment.



Chez HSE, les nouveautés étaient au RDV et elles étaient toutes en dégustation. Un rhum Blanc parcellaire et une cuvée spéciale provenant tous les deux de la récolte 2016. Une seconde édition de la finition en fût de Sauterne et 2 bruts de fût complétaient le lot.
Je n’ai pas dégusté la finition en fût de Sauternes et n’ai pas pris de notes lors de ma dégustation des 2 bruts de fût millésime 2007, mais il m’en reste quelques souvenirs à vous partager. D’un côté nous en avons un qui a vieilli en fûts de chêne Français et de l’autre un qui aura fait de même, mais dans des fûts de chêne Américain. La qualité du travail des fûts chez HSE n’est plus à prouver et l’idée de ces 2 expressions si proches, mais si singulières est de mettre en exergue l’intérêt, le travail et le choix du fût lors de la phase de maturation. Ce sont de très bons rhums, avec une complexité aromatique que je ne saurais vous traduire dans l’immédiat. Il m’a toutefois semblé, que le vieillissement en fût de chêne américain aura apporté au rhum un côté plus doux et plus gourmand.
Le HSE récolte 2016, est un vrai bonbon! Une gourmandise et une fraicheur qui nous transporte au cœur des champs de canne!

Pour finir ce tour de salon, rdv chez Depaz, qui nous propose l’une des meilleures gamme de rhums au monde. Le rhum blanc est tout simplement extra! Quand la réduction lente sur plus de 9 mois est réservée aux cuvées spéciales dans la plupart des distilleries, chez Depaz c’est valable même pour leur blanc classique.
Les retours que je vous ai proposé, relèvent des dégustations effectuées lors du salon. Je reviendrai très probablement sur certains rhums dans d’autres articles à venir.
Peace!
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